Mois: septembre 2017

Extrait du p. MD Philippe: le terme ultime de la philosophie

Publié le Mis à jour le

Le terme ultime de la philosophie, Dieu

Nous découvrons les trois niveaux d’intelligibilité de la philosophie « spéculative » : celui de ce-qui-est mû, celui de ce-qui-se-meut, celui de ce-qui-est ; cette distinction n’est pas une séparation mais représente une pénétration toujours plus grande de l’intelligence dans la réalité elle-même expérimentée. Cette réalité, c’est bien l’homme existant. Certes, l’univers entier est considéré, tous les vivants sont considérés, et la philosophie première n’exclut aucune des réalités existantes. Mais c’est bien à l’égard de l’homme que ces différentes parties de la philosophie « spéculative » trouvent leur unité et s’ordonnent.

Cependant, l’homme n’en est pas le terme ultime : le Philosophe est attentif aux traditions religieuses qui parlent de Dieu (Zeus), voulant montrer que le langage mythique de ces traditions religieuses contient une vérité profonde – l’existence d’un Être premier.

Père Marie-Dominique Philippe, « Introduction à la philosophie d’Aristote »

Extrait du p. MD Philippe: philosophie pratique et spéculative

Publié le Mis à jour le

La philosophie pratique et spéculative

Ce qu’Aristote appelle la philosophie humaine, pratique, impliquera trois grandes parties : elles considèrent l’homme dans l’activité artistique, l’homme capable de transformer le monde ; l’homme dans la recherche de son propre bonheur : ce bonheur ne peut être parfait que dans la contemplation de Dieu – autant que l’homme peut y arriver par lui-même – et dans le choix d’un ami ; enfin, l’homme politique, engagé dans la recherche du bien commun.

Cette recherche de la philosophie pratique fait constamment appel à une réflexion plus radicale, plus profonde : celle de la philosophie dite spéculative, où ce qui est considéré en premier lieu n’est pas l’action humaine, mais la réalité existante elle-même, antérieure à l’activité pratique e l’homme. Cette philosophie dite spéculative recherche la vérité pour elle-même ; elle veut atteindre la réalité existante telle qu’elle est : l’intelligence n’est vraie que lorsqu’elle saisit cette réalité elle-même, considérée comme la propre mesure de sa connaissance – en précisant les divers points de vue sous lesquels l’intelligence humaine est capable de l’atteindre.

Père Marie-Dominique Philippe, « Introduction à la philosophie d’Aristote »

Extrait du p. MD Philippe: Aristote, philosophe de la terre

Publié le Mis à jour le

Introduction à la philosophie d’Aristote

Aristote, « philosophe de la terre », philosophe du divin

Platon contemple premièrement et immédiatement le monde des formes: tout est saisi dans leur lumière. Quant à Aristote, il considère premièrement et immédiatement l’univers physique, celui qui nous entoure – il y revient constamment: c’est cet univers qui doit normalement et qui peut seul donner au philosophe une voie d’accès aux réalités séparées, non physiques… Mais le philosophe doit dépasser le monde physique pour contempler Dieu, l’Acte pur, autant qu’il le peut. Grâce à son réalisme, Aristote, « philosophe de la terre », sera encore plus profondément le philosophe de l’intelligence séparée, le philosophe du divin.

Père Marie-Dominique Philippe, « Introduction à la philosophie d’Aristote »

Témoignage du p. Jean Christophe sur le p. MD Philippe : son esprit (partie 1)

Publié le Mis à jour le

II. SON ESPRIT

Toute la vie et tout l’enseignement du père Marie-Dominique révèlent son esprit. On a déjà beaucoup dit sur ce sujet ; les lignes qui suivent ne prétendent donc pas du tout avoir un caractère exhaustif, il s’agit seulement de quelques réflexions, liées parfois à des souvenirs personnels

La recherche de la vérité et la sagesse : c’est évidemment un des aspects essentiels de son esprit, comme il l’a dit lui-même : « J’ai consacré ma vie à la recherche de la vérité. » Et c’était aussi pour lui une des principales raisons d’exister de la Communauté Saint-Jean : « la recherche de la vérité à travers tout ». Il cherchait la vérité en toutes choses, et il s’intéressait à tout, mais avant tout à la sagesse, aux « trois sagesses » :  philosophique, théologique et mystique.

 Il ne cessait de nous rappeler que l’intelligence humaine est capable par elle-même de connaître Dieu et que, par conséquent, nous devons faire l’effort d’acquérir cette sagesse philosophique qui consiste à découvrir l’existence de Dieu et à le contempler avec notre intelligence. Il revenait souvent sur la distinction entre science et sagesse, et il demandait parfois avec force : « Où enseigne-t-on encore la sagesse ? »

 L’encyclique « Fides et Ratio » de Saint Jean-Paul II, qui confirmait d’une manière éclatante ce que le père avait fait en rappelant la nécessité d’une « philosophie sapientiale », fut certainement un grand réconfort pour lui. Le Cardinal Ratzinger aurait dit, peu de temps après la parution de l’encyclique, que c’était pour le père Philippe que Jean-Paul II l’avait écrite ! Et le père nous disait souvent combien le Saint-Père se souciait que la métaphysique soit enseignée. Un frère a rapporté qu’à l’occasion d’une visite à Jean-Paul II avec le père, le pape avait demandé expressément aux frères d’être fidèles à la recherche métaphysique du père Philippe.

Il n’accordait pas seulement une grande importance à la philosophie, mais peut-être encore plus à la  théologie, et nous rappelait souvent qu’il fallait que nous soyons tous des théologiens pour l’Eglise d’aujourd’hui, à l’école de Saint Thomas d’Aquin, mais aussi à la manière de Saint Jean « le théologien », comme lui-même l’était éminemment.

Malgré ce gigantesque effort qu’il a fait toute sa vie pour chercher et transmettre la sagesse du point de vue philosophique et théologique, le père a toujours été clair sur le fait que ce que nous devons désirer et demander avant tout et par-dessus tout c’est la « sagesse mystique », infuse en nous directement par l’Esprit-Saint grâce au don de sagesse, qui nous donne une connaissance intime de l’Amour Trinitaire, connaissance dépassant de beaucoup tout ce que notre intelligence peut saisir grâce à la philosophie et la théologie. C’est pourquoi il disait : « Rien n’est plus important dans notre vie que le don de sagesse ! » 

Tous ses enseignements et ses prédications n’avaient pas la même qualité, tout n’était pas toujours très passionnant pour tout le monde, parfois sa manière d’enseigner ou de prêcher pouvait même être un peu pénible pour certains (il était lucide sur ce point). À la fin de sa vie il me semble qu’il a même parfois dit des choses un peu curieuses, sur lesquelles il devait revenir ensuite. Et j’ai entendu un frère dire que le père Marie-Dominique répétait beaucoup la même chose ; ce n’était évidemment pas entièrement faux, après 60 ans d’enseignement… Cependant, une des choses les plus impressionnantes chez lui, c’est qu’il a continué à chercher la vérité, sans s’arrêter à ce qu’il savait déjà, jusqu’à la fin. Par exemple, à presque 80 ans il s’est mis à dire que, contrairement à ce qu’il avait penché à dire jusque là, on ne pouvait pas être sûr, philosophiquement, que l’âme humaine était créée dès la conception de l’embryon. Un autre exemple : toute la recherche qu’il a développé les dernières années de sa vie sur la découverte de l’existence de Dieu par la « ratio boni » ; ou tout le livre « Retour à la Source », qui est une recherche qu’il a développée les dernières années.

Au sujet de sa quête incessante de vérité et de sagesse, il faut évoquer aussi l’histoire, que nous l’avons tous entendu raconter plus d’une fois, de son frère dominicain (le père Ramirez) lui demandant de persévérer dans sa recherche et son enseignement tout en l’avertissant qu’il serait, à cause de cela, « haï, haï, haï ! ». C’était nous dire qu’il se savait haï par certains pour ce qu’il faisait, et que, si nous voulions marcher sur ses traces, nous le serions aussi…

Tout en nous encourageant beaucoup à développer notre intelligence, il nous rappelait souvent aussi que nous ne devions pas tomber dans l’orgueil, « l’orgueil de l’intelligence, l’orgueil des théologiens… ».

Passaggio sulla piccolezza di Maria

Publié le Mis à jour le

La piccolezza di Maria

Maria è la più perfetta delle creature, che non ha mai peccato, mai nella sua libertà avrebbe potuto peccare. “Essa era la creatura che aveva il più alto senso della sua vulnerabilità, della sua piccolezza. Ed essendo a tal punto cosciente, essa la offriva a Dio molto più di quanto lo facciamo noi”. M-D. Philippe precisa che Maria “non aveva alcun diritto alla impeccabilità” et che “c’era in lei come una doppia vulnerabilità, la vulnerabilità fondamentale della creatura spirituale e la vulnerabilità personale che proveniva dalla pienezza della sua grazia.” Di conseguenza, pur essendo il capolavoro della creazione, aveva una “debolezza più grande di tutte le altre creature”.

Passaggio del libro di Piero Viotto,

“La Vita di Maria, secondo Marie-Dominique Philippe”

Extrait du p. MD Philippe: la recherche de ce qu’est l’homme

Publié le Mis à jour le

La philosophie, la recherche de ce qu’est l’homme

J’évoquerai un dialogue que j’ai eu avec des prêtres-ouvriers au Carmel de Limoges, où je venais prêcher. La Mère Prieure m’avait demandé si cela ne me dérangeait pas de partager le repas avec des prêtres-ouvriers qui venaient régulièrement… J’ai répondu qu’au contraire je serais très heureux de les rencontrer. Comme j’étais en habit, et qu’eux avaient leur tenue de prêtres-ouvriers, ils m’ont tout de suite dit : « Qu’est-ce que vous faites ? » – « J’enseigne la philosophie à Fribourg. » – « Quelle philosophie ? » Sachant très bien ce que cela voulait dire, je leur ai dit : « Il y a donc, pour vous, plusieurs philosophies ? » Ainsi, au lieu d’être interrogé, je les interrogeais… et ils ne savaient pas très bien quoi dire.

J’ai repris : « La philosophie, pour moi, c’est la recherche de ce qu’est l’homme, et c’est essayer de dire des choses vraies. Vous, vous êtes prêtres-ouvriers pour connaître l’ouvrier. Eh bien moi je fais de la philosophie pour connaître l’homme. Et vous ne pouvez pas connaître parfaitement l’ouvrier si vous ne savez pas de qu’est l’homme » – « Mais comment faites-vous ? » – « Je cherche les expériences, comme vous. Vous cherchez l’expérience de l’ouvrier, moi je cherche les expériences de l’homme. Quelles sont les grandes expériences de l’homme ? Toute ma philosophie repose sur ces expériences. »

Père Marie-Dominique Philippe, « Les Trois Sagesses »